D’un pays à l'autre, deux mondes si proches et si lointains. Ce qu’une frontière contient de distance. Insignifiance ou pleine de sens.
Ici la Police n’est pas là pour traquer les innocents, ici la police a l'air presque sympa. Ouf, on respire. Les Colombiens ont d’autres chats à fouetter, d’autres problèmes à éviter avec leur souplesse et la grâce qui leur est propre. Au jour le jour, on avance. L' homme qui conduit notre tout premier taxi colombien pour nous mener à la première ville au-delà de la frontière, nous le dit, lui aussi rêve de partir. Pas pour lui non, pour son fils, parce qu’ici “tu peux prendre un balle pour un oui, pour un non”.
L' insécurité on ne la ressentira pas, sans doute parce qu’on évite les zones d’ombres un peu malgré nous, un peu fait exprès.
Dans les rues de Cúcuta La Colombie, encore un pays Kaléidoscope, en forme de labyrinthe.
On est séduite de suite et l’on voudrait tout voir, tout savoir. De la jungle aux rives du Pacifique, des Caraïbes aux vallées du Caucas, ses montagnes si belles, sa mer et tout ce qui l'a peuple. Mais on comprendra vite qu’il nous faudrait plus d’une vie pour faire le tour, et pour l’heure on ressent avant tout le besoin de recharger nos batteries. Voilà un an que l'on sillonne les routes. Et, le chemin, le travail en tant que volontaire souvent intense, les températures excessives au quotidien, notre adaptation constante aux conditions de vie, d’alimentation, de transport, de communication et de culture, l’absorption incessante d’informations et dernièrement la gestion de situations relativement stressantes, tout celà nous a mis en “batteries faibles” et le besoin de les recharger se fait sentir. On accueille la Colombie comme de l’eau fraîche, et c'est vers la côte que l’on se précipite pour plonger dans les eaux bleues de Taganga.
Entre les murs de Taganga Taganga est un petit village joyaux de bord de mer, aux traditions de pêcheurs qui cherche l' équilibre entre hier et demain, entre se faire manger par l’appétit des touristes (locaux ou internationaux) et rester bien ancré sur sa barque, les filets de pêches comme un voile de résistance à l’appétit d’ogresse de la Modernité.
La mer. Un monde sans dessus, qui vit dessous sans sous. Flou mais pas fou, on y voit doux, et l’on s’y sent tout. Le secret de la mer c'est peut-être que c'est elle le secret, c'est d’elle que l’on est sorti et l’on croit vivre sans elle. Il faut être ivre pour y croire.
Bleue de bleue Le soir en bord de mer les mères apprennent à leurs fils à préparer les poissons, les journées passent à les attendre dans les criques, les poissons, et à tirer tous ensemble les filets hors de l’eau quand le veilleur en tuba gueule l’arrivée d’un banc… les corps salés, imprégnés de la Mer qui les berce, nuit et jour depuis le tout premier.
Dans les rues, quelques touristes venus chercher beauté, les chiens malades et les chats Pachas repus de poissons frais sans frais, et les vendeurs d’amulettes qui comptent leurs rêves sur le bout de leurs doigts.
Couleurs pêcheurs Nous, on en profite pour aller voir ce qui se cache au fond de l'eau, et l'on enfile, masques et bouteilles d'oxygène sur le dos pour oublier un peu ce qu'il se passe en haut.
En apesanteur